mardi 27 septembre 2011

Aujourd'hui, mardi 27 septembre 2011



Aujourd'hui, mardi 27 septembre 2011


Nous avons commencé la séance dernière, comme toutes les séances dernières, par le traditionnel journal de bord. Ce n'est qu'après, une fois bien conscient que nous étions en théâtre et avec en mémoire ce que nous avions déjà fait, que nous avons participé à une expérience étrange. Nous ne savions pas vraiment ce que nous allions faire. Jean-Paul lui-même ne paraissait pas très sûr. Mais, malgré tout, en bons élèves de théâtre, nous n'avons pas hésité; nous étions déjà debout, prêt à exécuter n'importe quoi. Tout d'abord, il s'agissait de marcher de plus en plus lentement, trouver un rythme en commun avec nous autres, blocs de matière ambulants; une fois ce rythme acquis, nous sommes entrés dans la forêt. Jean-Paul nous racontait une histoire, la nôtre. Et nous le vivions en direct, au fil de ses mots. L'ambiance, comme nous l'a fait remarqué Madame Dubarry, se rapprochait du conte. Pour mon compte, je pensais à Hansel et Gretel. Je parvenais à imaginer la forêt, l'obscurité et cela m'effrayait vraiment. Lorsque nous sommes rentrés dans la maison abandonnée, à l'odeur bizarre et aux images familières, je ne voulais même pas m'endormir, de peur qu'une personne surgisse et me fasse griller dans le feu que je venais d'allumer. J'imaginais la situation, mais je m'y sentais détaché; je remarquais bien que la cheminée n'était rien d'autre qu'un radiateur dans un Lycée. Je ne suis pas entièrement rentré dans l'exercice, mais je l'ai tout de même trouvé pertinent. Quand, à la fin, nous étions à terre, comme une autre matière, et qu'il fallait sortir nos phrases de L'Acte Inconnu, elles venaient vraiment de quelque part. D'où, je ne sais pas. Mais de quelque part, assurément. Je pouvais sentir ma phrase: "Ô mort, ne pète pas si haut ta victoire."; phrase choisie au hasard que j'apprécie beaucoup par ailleurs.


Ensuite, avec nos phrases, nous devions interagir avec les autres et leurs phrases. Ce que nous disions, après tout, ne comptait pas. Ce qui avait de l'importance, c'est ce que nous faisions dire à ces mots. Pris dans l'énergie, cela prend du sens. J'ai beaucoup aimé cette exercice, et je me voyais bien continuer des heures ces dialogues qui ne tournaient pas en rond. La révélation de la séance fut que nous étions tous de la matière, sur scène, avec du Verbe dedans, et que nous mixions le tout. Cela me va.


L'exercice suivant était celui que nous avions préparé chez nous: interpréter les personnages de la pièce de Novarina, sachant que certains noms éveillent plus une image qu'un sens concret. Ce fut un exercice très intéressant, puisqu'il s'agissait sans cesse d'avoir une idée, de réfléchir sur ce qu'invoquaient en nous les mots de l'auteur, et je réalise qu'un comédien peut faire beaucoup de chose avec les mots. En vrac, je me souviens de l'enfant qui mord le sol de Louise qui, machiavélique, se moquait de nous qui ne mangions pas le sol; des hommes à triple base; de l'accouchement compliqué de Nicolas Lorange (Louis étant peu convaincu de l'intérêt de la naissance); d'un enfant celluloïd particulièrement atteint; d'une goûteuse peu satisfaite, etc...Nous avons souvent repris l'exercice pour le peaufiner.


Nous avons parlé du fait que nous pouvions faire surgir des passages des trois oeuvres au programme instinctivement, en collant des morceaux avec des similitudes qui pourraient facilement se suivre; nous avons également parlé de cette histoire de matière, en donnant l'exemple que des personnes pourraient être une rivière, Ophélie couler dessus, et que cela serait une sorte de réminiscence de Cassandre, elle verrait cette mort et ce serait un souvenir, un fantasme un rêve. J'aime l'idée que les oeuvres peuvent communiquer entre elles, de les cuisiner ensemble.


À la fin, nous avons fait un exercice qui consistait à...Je ne sais pas trop. Jean-Paul, encore une fois, ne savait pas trop. Mais nous avons quand même tous fait avec ce pas trop pour construire quelque chose ensemble. Il y avait trois groupes. Mon groupe a construit une sorte de statue de plusieurs corps, nous disions nos phrases puis nous essayions de jouer avec, au final le résultat fut vraiment pertinent, une situation se créait et nous racontions une histoire.


Voilà tout pour ce mardi.

2 commentaires:

  1. Sympa le dessin !
    Tu as oublié de dire que nous regarder nous balancer amoureusement nos deux somptueuses phrases était un véritable challenge, et pourtant, on a marché !

    Petite interruption à la Romane : tu as écrit "De où", dans le premier paragraphe, que tu pourrais contracter en "d'où" :)

    Pas mal je trouve, par contre, tu n'as pas assez analyser le "pourquoi" des exercices, à mon goût !

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  2. Merci pour ton avis ! J'ai édité le "De où", et pour mardi prochain j'essayerai d'analyser plus les exercices !

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