jeudi 29 décembre 2011

JDB du 6.12.11

La séance a commencé par l'intervention de M. Dieudonné, ancien professeur du lycée s'occupant désormais de la classe prépa littéraire à Nanterre. Il nous a expliqué le fonctionnement de cette prépa où l'esprit de compétition et les notes attendues sont moindres. Le théâtre est une matière enseignée, mais la dimension théorique est beaucoup plus importante que la pratique sur le plateau qui est utilisé entre autre pour pousser la réflexion théorique. Il nous a également distribué un polycopié récapitulant les informations nécessaires.
Puis Solène et Mathieu nous ont lu leurs journaux de bords de la séance passée.
Nous avons ensuite longuement discuté de la classe, en vu du conseil de classe. Les moyennes ont été données et le manque d'investissement et de travail de certains a été souligné. La classe à un gros potentiel, mais des efforts sont à poursuivre.
Enfin Julia nous a lus une sorte d'introduction qu'elle avait formé en accumulant des extraits de Devant la parole de Valère Novarina autour du thème du langage. J'ai beaucoup aimé sa proposition et j'espère pouvoir le travailler avec elle. Nous nous sommes demandés où pourrait prendre place cet "extrait d'extraits", si cela pourrait former une ouverture, une introduction, ou encore si l'on pourrait l'organiser comme une chœur.
Nous avons ensuite commencé le travail sur le plateau.

Clémence nous proposa sa Clytemnestre nous racontant son meurtre d'Agamemnon. Le "premier essai" amena un chœur qui se plaça côté coure, terrifié par la folie de cette reine, et nous assistions au meurtre mimé par Hugo (Agamemnon) et Laëticia (Clytemnestre) en pantomime. Puis, deux couples se sont rajoutés à la pantomime (Océane et Nicolas D. & Louis et moi) en s'inspirant des séries de meurtres du spectacle de l'année dernière.
Clémence connaissait très bien son texte et m'a beaucoup touchée par sa folie et son malheur. On peut s'interroger sur la représentation des meurtres et sur la terreur qu'inspire Clytemnestre au chœur.

Nous avons continué à travailler sur Agamemnon avec la proposition de Solène et Julia (respectivement Clytemnestre et le chœur) qui se lie à la scène de Laëticia (Clytemnestre). Océane accompagnait l'entrée de Julia par du piano (Yurma "Loving you"), entrée côté jardin vers Solène couchée et endormie. Elles se parlaient près l'une de l'autre et faisaient le lien avec Laëticia sur "Ephaïstos". Clémence s'est ensuite incorporée, tentant avec Solène de créer une créature, d'où Clémence se détachait à l'arrivée de Julia afin de répéter le texte de Solène. Louise répétait celui de Julia en s'adressant à Clémence comme si elle se trouvait à 100m d'elle.
J'ai beaucoup aimé le traitement du chœur par Julia que je trouvais très original. Mais je crains que l'ajout du couple Louise-Clémence n'ajoute du comique à la scène.

Ensuite nous sommes passés à Laura qui a dansé sur le texte qu'Hugues lisait. C'était comme si les vers de Shakespeare entraient en elle et j'ai trouvé cette performance très touchante. Océanie les accompagnait au piano.

Nous avons repris Agamemnon avec Émilie en Clytemnestre lors de l'accueil du roi au retour de la guerre. Cyril le figurait. Tout d'abord elle se mis à genoux, peut être pour faire naître chez nous spectateurs un sentiment de pitié. Puis elle se plaça dans une cage imaginaire face public qui tenait lieu de tribunal. Elle allait et venait nerveusement, plaidant son texte. Enfin elle resta statique, très froide, déclamant lentement son texte.
Ma préférence a été à la troisième proposition.

Pour clôturer le travail nous avons revu la scène des fossoyeurs interprétée par Cyril et Mathieu qui jouaient ces nigauds avec un peu de jugeotte.
Je pense que cette scène peut être encore plus drôle.

Je trouve que nous avons bien avancé sur plusieurs scènes, toutes très différentes, et j'ai beaucoup aimé cette séance où de nombreuses propositions ont été travaillées.


(Si vous apercevez des fautes d'orthographes, merci de me les indiquer en commentaire pour que je les rectifie.)

mardi 6 décembre 2011

Novarina : Devant la parole :


La fin de l’histoire est sans paroles. J’oppose notre descente en langage muet dans la nuit de la matière de notre corps par les mots et l’expérience singulière que fais chaque parlant, chaque parleur d’ici. Un voyage dans la parole. Nous sommes pour ainsi dire trouer à jour, à ciel ouvert. Les mots préexistent à ta naissance. Ni instruments ni outils, les mots sont la vrai chair humaine et comme le corps de la pensée : la parole nous est plus intérieure que tous nos organes de dedans. Notre chair spirituelle c’est la parole ; elle est l’étoffe, la texture, la tessiture, le tissu, la matière de notre esprit. Le monde est par nous troué, mis a l'envers, changé en parlant. « La langue est le fouet de l’air», disait Alcuin; elle est aussi le fouet du monde qu’elle désigne. La parole est apparue un jour comme un trou dans le monde fait par la bouche humaine - et la pensée d'abord comme un creux, comme un coup de vide porté dans la matière. Les cris des bêtes désignent, le mot humain nie. La langue est en fugue, en fuite, en vrille, poursuivit, poursuivante, chassée et ouvrant. Nous apparait alors, étranger et devant nous notre corps le plus proche : le langage. Notre chair mentale, notre sang. La parole avance dans le noir. L’espace n’est pas le lieu des corps ; il n’est d’aucun soutien pour nous. Le langage le porte maintenant devant nous et en nous, visible et offert, tendu, présenté, ouvert par le drame du temps où nous sommes avec lui suspendus. Le langage est le lieux d’apparition de l’espace. Tout au fond, la parole n’est pas humaine ; elle n’a rien d’humain ; c’est une antimatière soufflée qui fait le drame de l’espace apparaitre soudainement devant nous. La parole se souvient, annonce et transmet ; elle nous traverse et passe par nous sans qu’on sache. Les mots ne sont pas des objets manipulables, des cubes agençables à empiler, mais des trajets, des souffles, des croisements d’apparences, des directives, des champs d’absences, des cavernes, et un théâtre de renversements : il se contredisent, ils chutent. La langue est une matière innommable, invisible et très concrète, sédimentée. On est dedans comme dans le théâtre de la matière universelle. C’est soudain et surgi, déchiré et non pas dévoilé. le langage porte le vide dans la matière et la brûle par dedans. La parole est le lien qui délivre. Entre les mots et la parole et la pensé, il y a un combat, une lutte depuis toujours qui ne s’arrête pas. Il a une pensé sous la pensé qui dit toujours : «va jusqu’où les mots rebroussent chemin.» La parole ne se communique pas comme une matière marchande, comme une danrée, comme de l’argent, elle se transforme, elle passe et se donne. Vivante de l’un et de l’autre, la parole est un fluide ; elle passe entre nous comme une onde et se transforme de nous avoir traversés. C’est le don de parler qui se transmet ; le don de parler que nous avons reçu et qui doit être donné. Le don d’ouvrir par notre bouche un passage respiré dans la matière. Le don d’ouvrir par notre bouche un passage dans la mort. Il y a un théâtre hors lieu où par la parole la matière de la mort est brisée et ouverte. La parole sur le monde ; elle vient enlever son cadavre. Nous parlons de ce qu’on ne peut nommer.

Journal de bord - Mardi 11 Octobre 2011

MARDI 11 OCTOBRE

La séance du mardi 11 octobre a commencé par la lecture du journal de bord de Camille. Assis en cercle nous avons dis nos textes que nous devions apprendre pour cette semaine . Océane commence avec un texte d’Agamemnon que j’ai trouvé très beau. Manon Catinat, Manon Lebeaux, Anne-Laure et Louise nous ont proposé un passage d’Agamemnon entre le Choeur et Cassandre.

Ensuite nous avons repris le travail de la semaine précédente. Jean Paul a émit l’idée que nous pourrions être un magma de corps avec des collants et des masques par dessus. Puis Océane et Cyril ont repris leur passage de Cassandre. Océane était assise sur une chaise tête baissée, Cyril tenant ses cheveux, il devait lui relever la tête pour qu’elle puisse dire son texte, mais cela n’a pas marché . Alors l’idée a été mise de côté et Jean Paul a demandé a Océane faire un exercice qui consistait à hystériser un geste. Nous l’avons donc vu se gratter le bras légèrement au début. Puis petit à petit elle a augmenté son geste en répétant les phrases que Emma lui donnait en l'engrenant.. L’idée de cet exercice est de se débarrasser de la pensée. Puis c’est au tour de Louise, Clémence, Nassim et Laetticia. Il fallait accéder à un certain niveau de jeu, un certain état. Après cet exercice Jean Paul installa 3 chaises. Il fallait partir d’une histoire tragique personnelle pour ensuite créer une histoire commune. Manon Catinat et Océane devaient toutes les deux devenir une facette différentes de la femme de Cyril qui voulait la quitter,. Ils on eut beaucoup de mal effectuer l'exercice, les filles on eu du mal à trouver un état et Cyril était trop dans la colère. Cet exercice a été ensuite repris par Louis, Hugo et Anne-Laure, c’était mieux, plus dans les attentes de Jean Paul.

Enfin jusqu’à la fin de l’heure nous avons continué la scène de la séance précédente. Cette fois-ci Matthieu, Cyril et Hugo étaient les fossoyeurs d’Hamlet et plaçaient les corps dans le Charnier qui constitue le royaume des morts et faisaient semblant de placer des pièces sur les yeux des morts pour payer le passeur. Ils devaient aussi étendre une bâche noir sur les morts ce qui permettraient de former plus facilement un bloque de matière et de cacher le meurtre d’Agamemnon. Emma eut l’idée de placer les Parques qui coupent le fil de la vie. Elles ont été interprétés par Manon Lebeaux, Manon Gouze et moi même. Mais cela ne fonctionnait pas. Jean Paul a ensuite formé une rangé de Cassandre avec les filles de la classe dont Océane, Anne-Laure, Marion et Clémence. Pour la marche d’entrée des morts il faudra prendre plus de temps .

J’ai trouvé cette séance très intéressante et impressionnante. La pièce prends forme et c’est motivant. De plus j’aime cette façon de travailler, le fait de coller des éléments les uns après les autres permet d’être plus créatif et plus original.