jeudi 12 janvier 2012

Journal De Bord du 10.01.12

Séance du Mardi 10/01/12

La séance à débuté sur un retour de Madame Dubarry concernant une pièce qu’elle avait été voir ce weekend. La pièce « Norma Jean » de Joyce Carol Oates par John Arnold retrace la vie de Marilyn Monroe. En nous expliquant que la scénographie était intéressante et l’histoire assez surprenante, elle nous encouragea à aller la voir.
Ensuite nous avons écouté les Journaux de Bord de Lila, qui était très complet, à la fois analytique et descriptif, avec son ressenti sur chaque scène ou exercice. Lila a évoqué une phrase extraite de l’Acte Inconnu de Valère Novarina, « l’invention de l’homme, c’est la mort ». Cette phrase a fait réagir la classe, et Jean-Paul a même émit l’idée que l’on pourrait intituler notre création comme cela. Ca pourrait être très intéressant puisque la fin de chaque pièce (du moins Agamemnon & Hamlet en tout cas) se terminent sur des meurtres. Notre création ne se terminera peut-être pas sur la mort, mais ce sera en quelque sorte la mort de notre création, la fin d’un travail collectif et la fin d’une époque, en l’occurrence le lycée (enfin je l’espère, pour tous). Je pense que ce bout de phrase correspond tout à fait à notre idée de travail.
Ensuite Julia et Manon Catinat nous ont montré le tissus qu’elles ont été acheté sur Paris. Un long tissus noir assez large, de 7mètres de long je crois, et un autre tissus rouge un peu plus court. Les tissus sont longs et légers et je pense qu’on pourrait les exploiter à l’intérieur des scènes et non les considérer seulement comme des éléments de scénographie. Par contre, je m’attendais à des tissus peut-être moins « simples », plus riche. J’aurai bien vu un tissus rouge en velours ou en tulle. Mais, ceux-ci étaient déjà assez chers et ils sont très grands ce qui va nous permettre de s’en servir à plusieurs et de créer de belles choses visuellement.
Pour la première fois depuis le début de l’année, lorsque JP & Mme Dubarry nous ont demandé ce qu’on avait à leur présenter, un engouement général est apparu. Nous étions beaucoup à vouloir présenter nos scènes, et je pense qu’un réel travail d’investissement nous traverse en ce moment.
Après cette petite heure d’échanges, nous sommes passés sur le plateau. Comme premier exercice JP a proposé une déambulation avec une dizaine de personnes. Tout comme l’an dernier, nous déambulons donc dans tout l’espace de la salle polyvalente, en essayant tant bien que mal de nous concentrer, et d’être le plus neutre possible. Après quelques pas, JP donne des indications sur notre état, de marcher en ayant peur de quelque chose, en étant en colère, en étant ennuyé, … J’avais énormément de mal à me concentrer, et dès que je croisais le regard de Julia, c’était plus fort que moi, il fallait que je rigole. J’ai eu du mal à m’investir correctement dans l’exercice, mais ça m’a fait du bien.
Après nous avons fait un deuxième exercice sur le principe des diagonales. 6 de chaque côté du plateau, une de chaque côté se lançait et au début nous jouions qu’avec les regards, un regard haineux, amoureux, étrange, avec une impression de connaître la personne… Ensuite JP a inséré du texte. En passant, l’une des deux devait dire « Je t’aime », comme elle le sentait. Après, l’autre colonne devait répliquer « Connasse ». J’étais avec Manon Gouze et c’était déconcertant de devoir l’insulter ! J’ai adoré cet exercice parce que c’est en étant contraintes à n’utiliser que le regard que nous nous sommes rendu compte qu’une émotion forte pouvait être transmise dans un seul regard. C’était épatant et assez extériorisant.


Ensuite nous sommes passés aux scènes. Clémence est passée en première sur un texte de Novarina, page 56, la réplique de Caïn du Tube. Etant enrhumée elle a d’abord essayé une première fois et subit le verdict de JP : « je n’ai rien compris ». Elle a recommencé, et JP lui a demandé d’essayer de simuler des oublis de textes. C’était tout de même plus intéressant quand les oublis étaient naturels ! Mme Dubarry nous a expliqué que cette réplique est une référence biblique à l’origine de l’homme et que s’il se pend, c’est la fin de l’humanité. C’est aussi une référence au théâtre avec un mot « interdit », « cintre ». Clémence a réessayer avec un « ton plus sérieux ». Puis elle a essayé de dire son texte après Nassim, dont elle était en quelque sorte la traductrice. Le gromelo de Nassim ne collait pas, ça tournait la réplique en ridicule et l’essence du texte n’était plus vraiment lisible, audible. Après, JP lui a demandé d’essayer « à la façon clown », et là, c’était vraiment mieux. Clémence est très imaginative et réussi plusieurs rôles d’affilé sans problèmes, c’était impressionnant.

Louise est aussi passée sur un texte de Novarina, p172 la réplique de Raymond de la Matière. Ce bout de texte est aussi très intéressant et évoque aussi la religion et le théâtre. JP lui a demandé de l’interpréter comme une personne malade, une schizophrène qui entre dans une psychose. Elle est donc partie en fond de scène, puis est re rentrée en traversant tout le plateau, assez rapidement. Elle criait, se défigurait et se transformait. Louise n’a jamais peur de se lancer, et exécute avec facilité ce que JP lui demande. Elle a un temps d’adaptation très court et un niveau de jeu très haut.

Emilie nous a présenté un texte de Novarina dans la peau d’une personne âgée, plutôt maniérée, assez « coincée » et c’était vraiment amusant. Ce petit morceau pourrait être encore plus drôle si elle se lance à fond dans ce genre de personnage. JP nous a informé que Novarina était fan de Louis de Funès, allant même jusqu’à lui rédiger un monologue. Il fallait donc agrémenter son jeu de mimique et d’une voix travaillée, différente. Sur un ton sec, méchant, Emilie nous joua une vieille femme aigri et tordue, c’était vraiment super. J’avais proposé à Emilie, en l’écoutant, d’essayer de le jouer sur de façon innocente, comme un petit enfant, ce qu’elle a fait, mais le personnage était trop en décalé avec le texte et ça ne collait pas du tout.
Emilie et Nassim ont proposé un très court échange de réplique de Novarina (p 152), ce qui était très intéressant. Il s’agissait d’une dispute entre une mère et son fils. JP a proposé à Nassim d’entrer du fond, suivi par Emilie, mais de partir en traversant le plateau pour insérer une distance et Emilie pouvait élever la voix, c’était mieux. On a imaginé insérer ce petit bout de scène entre deux scènes, puisqu’il est très court. Cela créer un rapport assez intime avec le spectateur, j’avais personnellement l’impression d’assister à une dispute, pas à une scène de théâtre. Je pense que cela peut rejoindre le principe de Distanciation de B. Brecht, étudié l’an dernier.

Océane est passée sur un texte qu’elle nous avait déjà lu, de Novarina Elle portait un petit cadre. JP lui a demandé s’il n’était pas possible d’éclairer le cadre, et Laura a proposé d’y ajouter de petites lampes à LED. Ce texte est très beau, avec le faible éclairage du plateau et la voix d’Océane cela rendait très bien. Pour une fois nous avions une scène réellement dramatique, sans cri ni pleurs, seulement une voix émue et sincère. J’ai adoré cette scène. JP lui a demandé de le refaire sans bouger, et en plaçant sa tête derrière le cadre, sans bouger. Il a demandé à ce que Océane puisse avoir des traînées de maquillage sous les yeux la prochaine fois.

Après cette scène forte en émotion, Lila nous a fait écouté le morceau de flûte traversière qu’elle avait trouvé pour accompagner le Chœur. Son morceau était très beau, et elle joue vraiment bien. Cependant, l’air ne collait pas avec les durs propos du Chœur d’Agamemnon.

Anne-Laure a repris un texte qu’elle nous avait présenté en début d’année, de Novarina, p129. Elle l’avait interprété assise, tirée d’un côté par Hugo et de l’autre par Cyril, comme une patiente d’hôpital psychiatrique qu’il fallait calmer. Là, elle était seule, assise. Au début elle criait assez fort quelques mots et nous avions du mal à les reconnaître. Puis JP lui a demandé de parler face au public, et c’était beaucoup plus audible. Ce passage est aussi très émouvant, et Anne-Laure a un timbre de voix qui ne peut que nous toucher. C’était vraiment un beau moment, avec un investissement incroyable. Elle était seule sur le plateau, et pourtant, elle dégageait une gigantesque émotion.

Ensuite Julia est venue me demander d’aller sur scène avec elle, et de rester debout, en l’ignorant. Ce qui était très compliqué du point de vue de ma capacité à me concentrer face à elle ! Mais lorsqu’elle a commencé son texte de Novarina (des collages notamment de quelques répliques de la page 151), elle s’est emprise d’une énergie foudroyante. Elle tournait autour de moi, elle s’est vraiment laisser emporter facilement, allant jusqu’à trouver de la véritable tristesse. Mais, elle criait très fort. JP lui a dit que c’était inutile de tourner autour de moi, et qu’il fallait qu’elle sache rester face public, immobile, car les gestes amples parasitent l’émotion qu’elle tentait de transmettre. Cependant, Julia m’a réellement épaté, elle a su aller très loin dans son jeu.

Nous avons ensuite travaillé la scène entre Manon Catinat et Manon Gouze d’Hamlet et sa mère, p 135. J’ai été stupéfaite par la qualité de jeu de Manon Gouze. Elle s’est lancée et a vraiment été au bout de son rôle, bien qu’elle puisse sans doute aller encore plus loin. Manon Catinat à une prestance sur scène, elle a une voix comme Anne-Laure, qui nous trouble, retient notre attention et sait nous toucher. Cette scène a énormément avancé, et les doutes qu’avaient JP et Mme Dubarry se sont réellement dissipés. Mathieu a du mal à apprendre son texte, ce qui l’a empêché de jouer vraiment. La scène du meurtre était beaucoup plus crédible. Cette scène est vraiment intéressante car on voit la transformation d’Hamlet, qui passe du fou ignorant, « gentil » et ironique à une folie violente, dévastatrice et menace sa mère.

Cette séance a été consacrée majoritairement à des extraits de Novarina. Nous nous investissons de plus en plus, et même si je ne suis pas passée sur le plateau, j’ai trouvé énormément de points intéressants.


(Photo de ma statue de Gorgone adorée, qui me fait bizarrement penser à notre travail sur Novarina)

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