mardi 5 avril 2011

Xavier Beauvois

Xavier.


Puisqu'on a vu aujourd'hui un film de Xavier Beauvois, Le Petit Lieutenant, je me suis dit qu'il serait intéressant de parler de ce réalisateur français que je trouve très pertinent et particulier, pas seulement parce qu'il pose en photo avec un âne et qu'il raconte qu'il a eu l'idée de faire Des Hommes et des Dieux en tirant sur un joint, non non, enfin, pas seulement...Il met du temps pour faire ses films, il se renseigne énormément sur les sujets qu'il aborde -en passant trois ans dans un commissariat par exemple, et ses recherches sur les moines d'Algérie sont tout autant conséquentes-, il y a donc un véritable soucis de précision pour ainsi mieux retranscrire la réalité.
On remarque avec le film que l'on a vu le choix de Beauvois de détourner les codes du films policier, ainsi il dénonce un peu cet univers qu'a créé le cinéma et la littérature, celle des flics différents, les potes flics qui se rejoignent dans des valeurs communes pour le pouvoir, enfin toutes ces choses qui se créent, au fil du temps, lorsque des oeuvres s'inspirent. D'ailleurs Beauvois n'a jamais voulu faire un film policier. Mais bon. C'est plus vendeur de dire qu'on parle ici de flics plutôt que d'alcooliques ou de gens qui se sentent seuls. C'est ce que disent les producteurs, en tout cas; et je me demande si ça ne sont pas les producteurs qui se font des idées, et ainsi ils poussent le spectateur à désirer voir ce qu'ils pensent qu'ils veulent voir, enfin, je m'égare -je dis ça parce que des Hommes et des Dieux, un film racontant l'histoire de moines a fait plus de trois millions d'entrées, mais j'en parlerai après. Beauvois veut avant tout faire un film avec des gens, et ici il prend seulement le cadre de la police.
Oui, il installe son histoire chez des policiers, mais il ne le fait pas comme ça, parce que ça accroche plus que si c'était dans un coin paumé avec des singes invisibles qui se transforment en poisson et qui parlent chinois, il s'y intéresse; ce qui donne l'aspect documentaire du film avec la caméra portée à l'épaule.
Je vous épargne ce qui a déjà été dit sur le cadrage des personnages qui s'effacent, sont seuls à l'écran confrontés à des personnages en groupe, tous les genres de solitudes, le lien invisible entre le personnage de Natalie Baye et celui du Petit Lieutenant. Je vous épargne mais j'en ai quand même un peu parlé. Un peu.
On peut penser ce qu'on veut du Petit Lieutenant, je trouve qu'il propose quelque chose d'intéressant et que la réalisation est exemplaire, Beauvois est l'un des meilleurs réalisateurs français, je trouve, et je n'ai vu que deux de ses films.
Oh, je tiens aussi souligner le jeu de Beauvois, dans ce film, que je trouve très bon. Jeune, il regardait des films de François Truffaut, avec François Truffaut, et il rêvait de faire les mêmes choses; il réalise ce rêve en jouant dans ses films, et il le fait bien.

Beauvois est connu, ou en tout cas mis en avant, depuis le Festival de Cannes de 2009 où il a remporté le Grand Prix du Jury pour Des Hommes et des Dieux, un film sur le massacre des moines en Algérie. Mais bon, écrire que c'est un film sur le massacre de moines en Algérie ça me parait plutôt réducteur, très réducteur même. Encore une fois c'est un film très réaliste. On assiste aux quotidiens de ces moines. On vit leur vie, leurs prières, ce qu'il plante dans les jardins, la vie en communauté avec les gens du village. J'ai trouvé ça très beau cette vie simple. Les images sont très belles. Je ne sais pas si on peut appeler ça de la contemplation comme dans Blow-Up, c'est différent, mais j'aime, en général, les films où les gens vivent tout bêtement, rien de passionnant mais ça me passionne. Beauvois se montre encore ici comme un excellent réalisateur; d'ailleurs une scène avec un hélicoptère survolant le monastère rappelle Apocalypse Now, celle où le commandant cherche un endroit pour surfer au milieu des explosions, du napalm...


Mais avant tout, ce qui est bouleversant, dans ce film, ce sont les personnages. Ils ont peur, ils doutent, se demandent ce qu'il faut faire, ou alors acceptent. Je n'ai pas vu le film depuis longtemps, mais je me souviens qu'il y a une scène où un homme raconte sa vie à Paris, avec sa famille, je crois qu'il raconte une forme de solitude, qu'il se sent seulement bien ici, que c'est ce qu'il aime. On voit cet homme raconter ça, on voit son visage en gros plan, et on sent vraiment l'humanité du personnage. De lui comme des autres d'ailleurs.
Michael Lonsdale est absolument merveilleux. Sa voix est géniale. À un moment ils prennent une photo, tous ensemble, et lorsqu'ils ont terminé on l'entend dire: "Bon, je retourne à mes occupations."; et je vous assure que ça a un charme fou.
Je ne vais pas trop parler du film mais je vous le conseille vraiment si vous avez apprécié Le Petit Lieutenant, surtout que celui-là est, je trouve, bien plus émouvant. Mais surtout, ce qui est brillant c'est de rendre passionnant ces scènes de prières, de les trouver belles, en nous permettant même d'oublier le côté religieux; d'ailleurs, à la fin du film, ils écoutent Le Lac des Cygnes; tout ça n'est que de l'art. Puis, Des Hommes et des Dieux dégage des messages forts, très forts.





3 commentaires:

  1. J'ai lu ton super article nassim et je le trouve très intéressant mais ne le voit surtout pas comme une critique, en quoi celà va-t-il nous aider pour monter Brecht? Je ne cherche pas à être désagréable, peut être as tu eu des idées en regardant ces façons de travailler? Voilà mais en tous les cas félicitation pour ce superbe article qui est très poussé!

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  2. Ça ne nous aide en rien pour Brecht mais je trouve que ça n'est pas un mal une petite parenthèse. Et même, si quelqu'un a quelque chose à dire sur un film, une pièce ou quoi que ce soit, j'aimerais que ça soit ici, je trouve ça très agréable à faire, en plus, partager ses impressions pour la classe sur le blog.

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  3. Oui c'est vrai ^^ ok autant pour moi c vrai ke g trouvé que ce film était magnifique même si tout le monde n'est pas de cet avis.

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