lundi 13 février 2012

Journal de bord du mardi 7 février

Après qu’Anne-Laure et Cyril nous aient lu leurs journaux de bord, nous avons débuté notre séance par un “chat” et un “wizz” afin de nous échauffer. Jean-Paul a ensuite proposé un exercice.

Sur trois chaises étaient respectivement assis Cyril, Clémence et Océane, le principe étant que Clémence joue un individu schizophrène avec lequel parlent successivement Océane et Cyril, jusqu’à ce qu’elle atteigne l’état de la folie. Alors que l’une l’incitait à acheter une paire de chaussures, l’autre lui prédisait sa mort à venir. Ces deux sujets, très opposés, ont poussé Clémence à hurler face à un tel conflit interne, on retrouvait alors bien là un état de perdition en relation avec les personnages de Cassandre et d’Ophélie. Pour cet exercice, il aurait été intéressant que Clémence prenne le temps d’observer ses deux partenaires parler, nous avons alors essayé avec un autre groupe constitué de Romane, Julia et Nassim. Les quelques secondes de silence qu’ils ont alors accordées au début étaient intéressantes car elles montraient bien la réflexion et le temps de mise en état que nécessite un tel exercice. Romane a tenté de rassurer Julia en arrachant des “Tu n’es pas malade !” pendant que Nassim est parti dans un délire à la fois tragique et drôle en lui demandant de rester car “il avait fait du canard”. L’exercice s’est alors révélé très stimulant puisque les deux histoires se sont finalement mêlées pour n’en faire qu’une, laissant alors le personnage de Julia à une famille absolument délurée, ce qui justifiait d’une certaine manière sa folie.

Nous avons après ça repris le travail sur Eschyle. Avec Solène et Nicolas Lorange, nous avons essayé la scène de l’Accueil d’Agamemnon par Clytemnestre. En reparlant des intentions de Clytemnestre dans ce passage, nous avons déterminé qu’il fallait qu’elle soit plus violente que de la manière dont nous l’avions joué et j’ai donc essayé seule à genoux, en travaillant l’adresse aux Argiens (et donc en haussant la voix), de jouer la tirade du personnage. Mon état manquant encore un peu de conviction et de justesse, il faudra que la scène soit à nouveau travaillée et approfondie dans les séances à venir.

C’est ensuite Marion qui est intervenue pour le personnage de Clytemnestre. Son passage était bref, mais riche en émotions. Il a été proposé que Solène s’allonge sur la table les cheveux lâchés dans le vide et le tissu rouge des séances précédentes sur le corps, de manière à rappeler le cadavre d’Iphigénie. J’ai trouvé que cela donnait un effet intéressant et intensifiait l’aspect tragique de la mise en scène. Marion doit alors davantage “hystériser” son jeu pour que s’en dégage la haine de son personnage contre le peuple, ainsi que regarder ce dernier avant de parler, cette scène n’en sera que plus poignante encore.

Le travail sur Novarina, d’un tout autre registre, a ensuite bouleversé l’atmosphère avec l’intervention de Romane et Julia sur un échange de répliques : “La parole portant une planche” du Déséquilibriste. Un jeu assis étant jugé trop statique, Romane a déambulé avec un tabouret dans les bras tandis que Julia est venue l’interviewer. Les règles de jeu de l’émission télévisée telles que le regard fixe face à la camera et le maintien du micro ont alors été mises en oeuvre. Le sens des propos du Déséquilibriste étant cependant très ambigu, Julia a tenté d’allonger les phrases de manière assez sinistre, j’attends de voir cette scène dans une prochaine séance pour mieux appréhender le parti-pris de ce passage.

Clémence, Manon Catinat, Manon Gouze, Julia et Solène ont ensuite lu l’assemblage de Devant la parole qu’avait construit Julia. Leur dispersion dans tout l’espace du théâtre Roger Barat semble intéressant pour un tel texte puisque Valère Novarina théorise ici la parole et explique ainsi quelques sens de son oeuvre, soit également ceux de notre projet.

Par la suite, Anne-Laure nous a fait écouter un nouveau morceau composé par son frère pour la scène des Cassandres, celui-ci durant cette fois près de dix minutes. Bien que la musique puisse servir comme thème à tout le spectacle, il a été préféré qu’elle soit conservée uniquement pour la scène des Cassandres, comme prévu au départ. Je suis d’accord avec cet avis car la diversité des musiques ne fera que dynamiser notre projet et permettra de laisser tout son charme et sa singularité à cette scène. Un rituel du réveil de Cassandre avec ce morceau et des effets de fumée et de lumière presque tamisée a également été proposé, ce qui me semble une bonne idée pour donner à la scène son aspect lourd et angoissant.

Dans le peu de temps qu’il nous restait, Emma et Hugo nous ont présenté leur scène entre Hamlet et le spectre, puis Lila son passage de Novarina avec sa flûte traversière. Elle a cette fois joué un morceau d’Erik Satie (Gnossienne n.1) et un de Claude Debussy (La Fille aux cheveux de lin), alors que Laura l’accompagnait avec un bâton de pluie. Malheureusement, ce dernier s’est avéré presque gênant et on a décidé de le retirer. Je pense cela-dit qu’un bâton de pluie plus long aurait pu fonctionner puisque le bruit aurait duré plus longtemps et aurait donc été plus efficace.
Nous avons achevé cette séance par la reprise de la petite forme que je dirai “mortuaire” de début d’année. En effet, la musique d’Armand Amar, aussi belle soit-elle, pose de suite un climat tragique. Moins de “cadavres” ont cette fois été amenés dans la représentation du charnier, certains s’y trouvant déjà, de manière à accélérer la scène et à ne pas faire un spectacle trop long. Nous n’avons pas eu le temps de travailler davantage cette scène qui me semble très réussie et introduira probablement très bien le projet de la TL1 en juin.

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